CLASSICAL MUSIC SENTINEL, Jean-Yves Duperron

février 2020

Le violon est indéniablement un instrument apprécié par de nombreux mélomanes. Tel un acteur, il peut jouer de nombreux rôles différents. Il sait pleurer, rire, gémir, caqueter, danser, chanter, être carrément folk ou hautement lyrique. Mais pour réussir tout cela, il a besoin du concours d’un grand musicien. J’ai entendu trop d’enregistrements de violonistes qui ne produisent qu’un son doux et argenté, quel que soit le type ou le style de musique qu’ils jouent. Les pièces réunies dans ce nouvel enregistrement Aparté requièrent, pour être efficaces, le tempérament expressif aux multiples facettes et les compétences techniques d’un authentique musicien. Le jeune violoniste français, Virgil Boutellis-Taft, qui est décrit par les critiques comme un « violoniste exceptionnel », est de cette trempe. D’un ricanement sarcastique, il sait faire ressortir l’humour sardonique et l’esprit espiègle de la Danse macabre de Camille Saint-Saëns. Il pousse à l’extrême les élans passionnés de la fin de la Chaconne en sol mineur de Tomaso Antonio Vitali. Il module de façon harmonieuse, le timbre et les couleurs de son instrument pour révéler la mélancolie profonde de la Sérénade mélancolique de Tchaikovsky, une pièce si justement intitulée. Le fervent stoïcisme inhérent au Kol Nidrei de Max Bruch est très bien rendu par Boutellis-Taft dans son arrangement pour violon d’une œuvre initialement écrite pour violoncelle et orchestre. Quant à ses compétences techniques, il suffit d’écouter les trilles soutenus très doux et aigus à la fin du Poème pour violon et orchestre d’Ernest Chausson qui attestent des talents de ce musicien. L’enregistrement Aparté est chaleureux et place le violon légèrement en avant de l’orchestre avec un excellent équilibre. Le soutien du chef d’orchestre Jac van Steen suit toujours la direction expressive et les inflexions dynamiques du violoniste.

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