Classique News, Sabino Pena Arcia

janvier 2021

Après un retentissant concert de présentation affiché complet Salle Gaveau, voici l’envoûtant nouvel album du jeune violoniste français Virgil Boutellis-Taft dans la meilleure des formes en collaboration avec le prestigieux Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Jac Van Steen. Un compagnon d’évasion aux tendres sentiments ainsi qu’un baume pour le cœur en ces temps d’épreuve. Si le programme peut paraître éclectique, parce qu’il y a une œuvre contemporaine et une baroque, et que cela irait dans le sens des jeunes instrumentistes virtuoses qui aiment partager leurs talents dans tous les styles ; ce qui se trouve au fond de cet album parfaitement romantique est d’une étonnante profondeur, même bouleversante de beauté quand il le faut, ainsi qu’une brillante maîtrise technique, en l’occurrence délicieusement mise au service du thème de l’album, « l’incantation », formule magique qui mène à l’enchantement ! Pari réussi dignement, avec brio et sans affectation. La volonté d’épure stylistique est parfaitement représentée dans les choix d’intervention aux partitions originales, d’abord dans une nouvelle et surprenante version de la célèbre Danse Macabre de Saint-Saëns, mais surtout dans l’incroyable Kol Nidrei de Max Bruch qui ouvre l’album, libéré de tout artifice expressif romantique. Virgil Boutellis-Taft exprime aisément l’intensité grave de Bruch comme l’agitation spirituelle et sensorielle du Nigun d’Ernest Bloch, avec son héroïque violon Montagnana. La pièce crypto-baroque du programme est la Chaconne en Sol mineur de « Vitali », rendue célèbre au siècle dernier par Jascha Heifetz. Il s’agît là du moment le plus pyrotechnique voire pompier de l’album, avec la tonalité instable du mystérieux opus. Le Royal Philharmonic Orchestra sous la direction de Jac Van Steen est un partenaire excellent, que ce soit dans l’excès de la Chaconne ou dans la Sérénade Mélancolique de Tchaikovsky, où le violoniste et l’orchestre ont une entente parfaitement harmonieuse, délicate, enchanteresse, avec le soliste montrant toute la finesse de son talent. Le Poème de Chausson, pièce fétiche des violonistes, est un autre grand moment de dialogue entre le soliste et l’orchestre : le violon orientalisant de Chausson, avec la dextérité et la maîtrise de Boutellis-Taft, captive entièrement l’attention ! Un album absolument enchanteur d’un jeune violoniste prometteur, à récouter sans modération !

  Lire l’article sur classiquenews.com